Retour sur nos rencontres Arles se livre

Pour notre première participation au festival Arles se livre, nous avons eu une semaine dense, toujours autour de l’Antiquité, et un public pour chacune des rencontres que nous avons organisées. Retour en image et en texte.

Le mercredi et le jeudi, nous avons commencé par une conférence et un atelier avec Pierre Chiron, professeur à l’université Paris Est Créteil, spécialiste de la rhétorique dans l’Antiquité, et auteur du petit Manuel de rhétorique aux Editions des Belles Lettres, paru à l’automne 2018. La conférence mettait en relation la naissance de la démocratie dans les cités grecques, ses institutions, et le développement de la rhétorique et de la sophistique dans le cadre de ces institutions.

Pierre Chiron, auteur du Manuel de rhétorique (Belles Lettres)

Pierre Chiron anime chaque année depuis dix ans un séminaire/concours d’éloquence avec vingt étudiants à l’université. Il s’est inspiré de cette expérience pour proposer un atelier d’éloquence. Après des prolégomènes sur la voix, l’argumentation, la conviction, les figures de style, chacun a eu à préparer, en une dizaine de minutes, un laïus de cinq minutes sur le thème « Faut-il avoir des enfants ? » Les participants ont planché, puis se sont lancés. Chaque intervention était mise au débat, sur la forme, le fond, les figures, etc. La figure la plus employée fut la métalepse, le questionnement sur la formulation de la question elle-même.

Pierre Chiron a ensuite participé, comme membre du jury, au concours d’éloquence des écoles et collèges arlésiens organisé samedi après-midi au théâtre d’Arles.

Pierre Chiron, atelier pratique de rhétorique chez De natura rerum.

Vendredi après-midi, nous recevions Marc-Olivier Girard pour une rencontre autour du latin vivant. Marc-Olivier Girard est l’auteur d’un manuel à paraître sous peu, une méthode de latin pour les affaires. Un livre qui a demandé deux ans de travail, très sérieux, mais qui est en soi une sorte de provocation. A quoi peut bien servir le latin aujourd’hui ? Et, nous dit notre intervenant, pas seulement pour lire les auteurs anciens, mais pour l’utiliser au jour le jour, de manière familière. Cette rencontre s’est conclue par la décision, avec les participants (et tous ceux qui voudront se joindre à nous), de créer un Cercle Latin d’Arles et de Provence, dont l’objet est d’une part de pratiquer, même en débutant, la langue latine vivante, et d’autre part de mettre en route des projets éditoriaux en latin. La première rencontre est programmée pour le vendredi 26 avril 2019, à partir de 17h30.

Marc-Olivier Girard : le latin très vivant

Le samedi matin, nous avons commencé la lecture du Feuilleton d’Ulysse, un beau texte de Murielle Szac (Editions Bayard, 2016), devant un public d’une vingtaine d’enfants et de grands enfants. Devant le succès de la formule, nous avons décidé de renouveler chaque semaine la lecture. Tous les samedis matin, de 11h à midi, embarquez avec Ulysse et ses compagnons pour un aller-retour Ithaque-Troie-Ithaque mouvementé ! (ça se passe ici sur Facebook).

Ensuite, nous avons reçu Maurice Sartre, professeur émérite à l’université de Tours, historien de la Grèce antique et de la Méditerranée orientale jusqu’à la période romaine, en passant par l’épigraphie syrienne. Il a d’abord délivré une belle conférence sur la biographie de Cléopâtre qu’il a publiée à l’automne chez Tallandier : Cléopâtre, un rêve de puissance. Au-delà des clichés (la reine cruelle, sensuelle, débauchée) qui peuplent les innombrables biographies, Maurice Sartre est retourné aux sources, toutes les sources. Il a retraduit les lettres de Cicéron, les libelles de propagande, pour faire le portrait d’une reine dernière héritière du royaume d’Alexandre, lucide, courageuse, tentant de gouverner et d’étendre son royaume dans les soubresauts des guerres civiles romaines. Deux heures plus que passionnantes pour l’auditoire attentif. Nous recommandons vraiment cet ouvrage à ceux qui souhaitent plonger dans l’histoire haute en couleurs du premier siècle avant notre ère, entre Rome et Alexandrie.

Maurice Sartre : Cléopâtre, au-delà des idées reçues.

Dimanche, dernier jour du festival Arles se livre, a été une journée encore plus riche. Nous recevions pour un brunch littéraire, Maurice Sartre et Alexis Nouss. Ce dernier est professeur de littérature comparée à l’université d’Aix-Marseille, après avoir enseigné à l’université de Cardiff, et titulaire de la chaire Exil et migrations du Collège d’études mondiales de la Fondation Maison des sciences de l’homme. Les deux esprits fins étaient réunis pour discuter de la condition de l’étranger dans la Méditerranée antique et contemporaine. Entre le migrant, l’exilé, l’étranger, le métèque, le réfugié, l’étrangeté, et la mort, les deux heures passées avec eux ont été émouvantes et profondes. Un texte sortira peut-être de cette rencontre provoquée, après laquelle nous avons profité d’un buffet antique préparé par Saveurs et terroir (que nous recommandons chaleureusement).

Maurice Sartre et Alexis Nouss chez De natura rerum, Arles.

L’après-midi s’est terminée par une lecture-vernissage de notre nouvelle exposition, Les topographies de Méduse, la suite : Histoires naturelles, avec des œuvres d’Olivia Rosa-Blondel, de Gilles Magnin, de l. l. de mars, de François Ely, de Philippe Jonckheere. Nous avons lu les épisodes du Feuilleton de Thésée consacrés à la Gorgone, un beau passage de La mort dans les yeux, admirable texte de Jean-Pierre Vernant, l. l. de mars a lu un de ses poèmes consacré à Dionysos ainsi qu’un texte sur l’image et les reliques.

Lecture par l. l. de mars. Vernissage de l’exposition Les topographies de Méduse, la suite.

Un grand merci à toute l’équipe qui a préparé et organisé ce festival dans toute la ville d’Arles, en particulier Claire Nys et Claudie Durand. Tous les ouvrages des auteurs présents pendant Arles se livre sont disponibles dans notre librairie.

A l’année prochaine !

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