
Gaza, un corps. Malika Berak
10 juillet @ 18 h 00 min – 20 h 00 min
De natura rerum et les éditions Plan B vous invitent à une rencontre – lecture – dédicace avec Malika Berak autour de son tract poétique récemment paru.
Gaza, un corps. Trac poétique, Plan B, mars 2025
« Palestine comme une estocade
L’Histoire qui s’était longtemps attardée sur la
terre de Palestine s’en est détournée
les croisades elles vont et viennent
et à peine porte-t-elle encore ce nom qu’on a
voulu lui arracher. »
Extrait du poème Palestinade, 2022

Quelques mots
L’histoire de Gaza, la ville et son territoire, remonte à la plus haute antiquité. La route terrestre reliant la Palestine à l’Égypte la traverse, ou plutôt la traversait tant que des murs ne faisaient pas obstacle aux échanges entre les populations ; quant à l’ancienne route maritime, elle longeait depuis l’Égypte le littoral du Sinaï et croisait à Gaza celle qui débouchait de la péninsule arabique (cf. Gaza Méditerranéenne : histoire et archéologie en Palestine, Editions Errance, 2000).
Autant dire que Gaza, à maintes reprises martyrisée, violentée par les soubresauts de l’histoire régionale qui l’ont transformée au XXe siècle en un vaste camp de réfugiés et détruite aujourd’hui par des bombardements israéliens, a payé un lourd tribut à sa position de carrefour méditerranéen.
Il y eut pourtant une période de quelques années (de 1993 à 2000), dite des Accords d’Oslo, où l’espoir de rétablir une certaine justice et une vie normale sur le territoire exigu de la nouvelle Palestine, dont Gaza faisait partie, a rejailli. J’ai eu la chance de connaître ce moment où, en dépit de drames et de doutes, la paix
semblait pouvoir forcer le cours des insincérités, des pièges et des tragédies. Gaza, comme l’écrivit l’archéologue français Jean-Baptiste Humbert, « est aujourd’hui le modèle parfait du pays, vivant, nerveux, diablement jeune. Le béton sort de la terre partout comme le blé après la première pluie. » J’occupais alors, et ceci pendant cinq ans, les fonctions de Conseillère culturelle auprès du Consulat général de France à Jérusalem, fonctions passionnantes à plus d’un titre puisque mon rôle consistait notamment à aider à la construction d’un État palestinien. Ce projet fut anéanti en quelques heures ou en quelques années, selon les analyses que l’on
fait du désastre qui rendit la région à ses démons.
Au cours des vingt dernières années, la population de Gaza ne cessa pour autant de croître et la vie de s’organiser tant bien que mal. Quel autre choix avait-elle, malgré les cinq guerres qu’elle connut depuis 2007 et le blocus de son territoire ? Et elle ne se résignait pas à disparaître.
J’ai souhaité simplement, pour ma part, témoigner poétiquement de mon amour pour Gaza, que j’ai connue autrefois. M’avaient profondément émue et séduite sa vitalité, la confiance en l’avenir maintes fois réaffirmée de sa population, la beauté
enfouie sous les dunes de ce bout de Palestine, révélée par des fouilles archéologiques, et son rivage magnifique bordé de longues plages blanches. Tout cela m’était resté dans le coeur et j’ai tenté, à travers les poèmes de Gaza, un corps, de me souvenir de ce temps où il m’avait été donné de fréquenter Gaza, tout en partageant aujourd’hui le chagrin des Palestiniens.
Que pouvais-je, en ces jours de tempête et de malheur, leur offrir d’autre que cette émotion qui me traverse, alors que je vis à distance la tragédie qu’ils connaissent, en proie aux bombardements aériens, à la famine et à l’incertitude des lendemains ? Gaza, un corps, parce qu’il s’agit d’un corps vivant en souffrance et qu’il faut entendre sa détresse.
Malika BERAK
L’ouvrage sur le site de la librairie.
