Une chronique de Céline Poulain en partenariat avec l’association Arelate.
Après sa fameuse somme La grande mer sur le thème de la Méditerranée (Les Belles Lettres, 2022, paru en poche chez Champs Flammarion en mars 2024), David Abulafia continue son entreprise d’étude de la mer avec Une mer sans limite. Ce grand historien britannique, spécialiste dans le domaine, a cette fois-ci choisi de s’atteler aux hommes et plus particulièrement aux mouvements et aux interactions humaines dans les grandes étendues d’eau.
En partant du Néolithique pour revenir jusqu’à nos jours, David Abulafia décortique les civilisations humaines à travers ce qui occupe la plus grande partie de notre planète : les océans. Il compose ainsi une grande histoire du monde qui, par sa vaste géographie et son immense chronologie, est une prouesse dans le genre. Il réussit en effet, en un ouvrage, à nous livrer une somme maîtrisée de l’histoire humaine des océans.
Entre Méditerranée, Indo-Pacifique et Canal de Suez, le XXIeme siècle entérine la mer comme espace des plus grands enjeux mondiaux. Auparavant en trirèmes ou en drakkars, aujourd’hui en porte-conteneurs ou en navires de croisière, les vastes étendues d’eau ont toujours été les meilleurs moyens d’explorer l’ailleurs et d’échanger avec ses civilisations. Ils ont permis l’avènement des plus grandes découvertes, conduit à de magistrales prouesses techniques et à l’essor de la mondialisation. Mais ces territoires sont aussi les lieux de tous les dangers avec les pirates, les militaires et autres éléments imprévus de cette Terra incognita. Car faire l’histoire des océans, c’est également admettre la petitesse des individus qui y naviguent, reconnaître leur statut de simple sujet de la nature, même s’ils arrivent bien souvent à en dompter ses éléments.
Ainsi, que ce soit pour des questions climatiques, migratoires ou commerciales, les grandes étendues d’eau ont toujours, hier comme aujourd’hui, constitué des territoires incontournables des échanges entre les hommes. Faire l’histoire de ces mouvements représente de ce fait un travail titanesque, le fruit d’une vie de recherche, brillamment exécuté par David Abulafia.
Avec l’art du détail du grand chercheur et la pédagogie du maître conteur, il nous offre un merveilleux ouvrage sur l’histoire des mouvements et des interactions humaines dans les océans.
Traduit de l’anglais par Olivier Salvatori. Préface de l’auteur à l’édition française.
Éditions des Belles Lettres, 992 pages, 39,50 euros