Rencontre avec l’archéologue Loup Bernard, samedi 16 octobre à 17h, qui présente l’oppidum du Verduron, dont la fouille permet de comprendre la période tumultueuse de la fin de l’indépendance de la Provence préromaine dans son contexte historique plus large.
Entre 1999 et 2007, Loup Bernard a dirigé les fouilles de l’oppidum du Verduron, aujourd’hui dans le 15e arrondissement de Marseille. Les vestiges n’ayant pas été explorés par Stanislas Clastrier au début du 20e siècle – soit 20 pièces sur les 38 qui composaient l’habitat – ont pu être intégralement fouillées par des équipes d’étudiant.e.s avec l’aide d’un architecte de l’IRAA et de collègues aixois, mettant à disposition de la communauté scientifique et du public le seul établissement préromain intégralement exploré et ouvert au public.
Plusieurs années ont donc été nécessaires afin de passer de la fouille à la publication du site. Ce tout petit oppidum – à peine 1000 m² – a livré quantités d’informations sur les Celtes méridionaux et les relations entre Marseille et ses voisins au IIIe s. av. J.-C. Les objets mis au jour décrivent le quotidien des populations à l’époque, la céramique notamment permet de constater que les occupants du site ne consommaient que peu de produits marseillais. L’étude du mobilier métallique, réalisée par B. Girard, spécialiste de ce type de mobiliers, a permis de mettre en avant le côté très militaire des occupants du site. L’analyse du plan et des méthodes de construction, réalisée avec l’aide d’A. Badie de l’IRAA, a servi à identifier un plan modulaire qui sera réutilisé sur l’oppidum d’Entremont, quelques décennies après la destruction du site par les Grecs.
Le Verduron offre aux spécialistes un lot de mobilier exceptionnel car issu d’une occupation très courte qui n’a pas fait l’objet de reprises durant 22 siècles. Il permet de bien comprendre comment étaient construits les sites et leur utilisation. Ce que racontent ces vestiges, c’est une époque troublée, celle d’une implication forte de Marseille grecque en Méditerranée avec ses nouveaux alliés romains qui coïncide avec l’émergence d’une structuration plus forte des sociétés celtiques à l’échelle de l’Europe.
Après une scolarité à Arles qui fut l’occasion de premières fouilles sur l’aqueduc de Barbegal, Loup Bernard a commencé ses études à Avignon et les a poursuivies à Aix-en-Provence jusqu’à la thèse avec un séjour à Tübingen dans le cadre d’un échange Erasmus, tout en pratiquant de nombreuses fouilles en Provence et en Allemagne. Il est aujourd’hui enseignant-chercheur à l’Université de Strasbourg et a repris l’étude du sites des Caisses de Jean-Jean à Mouriès cette année après plusieurs campagnes de sondage sur des sites de hauteur protohistoriques dans le Sud de l’Allemagne. Il est aussi spécialiste de données partagées en archéologie.