Favorinos d’Arles et l’exil contemporain

Dans le cadre de la manifestation RELEVÉS II (FAVORINOS D’ARLES) organisée par Fabien Vallos et Laetitia Talbot du 17 au 31 mai à Arles, De natura rerum reçoit, dimanche 26 mai à 17h, Alexis Nouss, enseignant-chercheur spécialiste de la question de l’exil, pour une mise en perspective de l’oeuvre maîtresse de Favorinos, le Traité sur l’exil, suivi d’une session musicale avec le groupe Hedy Lamarr (Thézame Barrême et Abdul Jaba). Un tirage grand format de Gwénaël Porte, L’Île, sera exposé pendant toute la manifestation. Les ouvrages autour de Favorinos seront disponibles à la librairie.

Alexis Nouss : Favorinos et l’exil contemporain

Tout exil est singulier, par ses circonstances, par sa localisation, par la personnalité de l’individu qui le vit. En outre, les déterminations culturelles pèsent sur la conception de l’exil et, partant, sur la manière dont il est éprouvé. Dante ou Napoléon, leurs récits d’exil ne sauraient être identiques. De même, le paysan irlandais fuyant la famine ou le boutiquier juif fuyant un pogrom se retrouvèrent tous deux en Amérique sans que leurs destins ne puissent être confondus. Aujourd’hui, le Syrien fuyant la guerre et l’Erythréenne fuyant la dictature déclinent encore différemment la souffrance de l’exil.

Et pourtant, si l’idée d’un chez-soi (domus, Heimat ou nation) est un universel reconnu, il revient à une pensée de l’exil de montrer que son contraire, le non-chez-soi, le topos de l’absence de topos, n’en est pas moins une catégorie anthropologique générale qui déplace la notion d’hospitalité du sens moral à un sens politique.

Le traité sur l’exil de Favorinos d’Arles, rédigé en grec au début de notre ère, permet de dégager des aspects de ce qu’on appellera un ethos exilique, ou exiliance, dont les traits n’ont rien perdu de leur pertinence aujourd’hui. Afin de le montrer, nous en comparerons le texte avec des réflexions modernes sur l’exil, de Victor Hugo à Hannah Arendt.

Alexis Nouss est Professeur de littérature comparée, Aix-Marseille Université, titulaire de la Chaire « Exil et migrations » Collège d’études mondiales, Fondation Maison des sciences de l’homme, Paris.

Hedy Lamarr : session musicale

L’exil intérieur, extérieur, le manque d’air, le besoin d’espace sont des thèmes clés pour Hedy Lamarr – Thézame Barrême / Abdul Jaba. Nous avons l’honneur et le plaisir de venir clore musicalement la conférence « Favorinos et l’exil contemporain » organisé par la Librairie Galerie De Natura Rerum. Nous vous attendons nombreux et remercions Nicolas de Lavergne pour ce temps fort et précieux.


Crédit photo : Ann Cantat Corsini

Chansons fortes, diagonales, sensibles, lettrées, stimulantes. Riches en images de fiction. Au départ : Arles, une librairie, une rencontre entre Abdul Jaba et Thézame Barrême. Elle a levé les yeux de son livre. Il s’est remis au piano. Acoustique, électrique. À l’arrivée, sous le nom de groupe Hedy Lamarr : un premier album de chansons électro, repéré par le label Underground La Souterraine. Plus tard la préparation d’un second album acoustique, organique. Et un travail humain, de terrain partout où se joue la rencontre : scènes de musiques actuelles, festivals de littérature et de poésie, musées, écoles, théâtres de poche, cafés citoyens… Ici et là, un je-ne-sais-quoi de Lhasa se propage, se dégage. Les gestes, la posture, l’écriture. La symbiose musique voix.

Pour la petite histoire, le groupe Hedy Lamarr tire son nom d’un esprit libre et visionnaire. Celui d’une star hollywoodienne ayant servi, de Wonder Woman à Blanche Neige, de modèle à toutes sortes d’archétypes féminins. Exilée, tombée un temps dans l’oubli, après être entrée en résistance durant la deuxième guerre mondiale, on sait maintenant le rôle joué par Hedy Lamarr dans la révolution des télécommunications : celui d’avoir, avec la complicité de son ami pianiste Georges Antheil, inventé le GPS et le wifi.

Thézame Barrême // Écrivain, Chant, textes, composition // Abdul Jaba // Ex libraire et homme de radio, composition, piano, machines // Bruno Rascao // Crédit photo //

L’île

Gwénaël Porte, tirage jet d’encre contrecollé sur dibond, 75×115 cm.

Ouvrages disponibles à la librairie

Favorinos d’Arles, L’exil, traduit par Fabien Vallos, Editions le Mix, 2019.

Favorinos d’Arles, Œuvres tome 1 (Introduction générale, Témoignages, Discours aux Corinthiens, Sur la fortune), Les Belles Lettres, 2005

Favorinos d’Arles, Œuvres tome 3 (Fragments), Les Belles Lettres, 2010

Le traité sur l’exil de Favorinos d’Arles, Papyrologie, philologie et littérature, Eugenio Amato et Marie-Hélène Marganne (dirs), Presses Universitaires de Rennes, 2015.

Alexis Nouss, La condition de l’exilé, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2015.

Une bibliographie et un ensemble de liens sont disponibles sur le site de la manifestation.

Le programme complet de la manifestation sur le site devenir-dimanche.

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