Quand Rome faisait la guerre. Mathieu Engerbeaud

Matthieu Engerbeaud revient à Arles nous parler des premières guerres de Rome, samedi 17 octobre à 18h. Son étude magistrale est un outil pour mieux comprendre l’histoire de Rome de sa fondation à 290 avant notre ère, et la place de la chose militaire dans la société romaine.

Que peut-on savoir des premières guerres de Rome ? Quelle a été la portée des défaites romaines au sein de ces conflits militaires, qui ont tous été réécrits postérieurement comme des victoires indubitables de Rome ?

Assurément, l’histoire des plus anciennes guerres romaines n’est connue qu’à travers des récits écrits plusieurs siècles après les faits. Confrontés à d’importantes lacunes documentaires, leurs auteurs n’ont pourtant pas renoncé à reconstruire l’histoire des guerres qui ont permis aux Romains de s’affirmer progressivement comme une puissance hégémonique en Italie. Ces historiens ont même composé des récits très détaillés et souvent cohérents de ces conflits militaires, en s’appuyant sur des archives familiales et publiques, des inscriptions, ainsi que sur des récits oraux. À en croire les Anciens, ces sources divergeaient fréquemment, à tel point que les récits conservés présentent des versions différentes des mêmes événements. De plus, chaque oeuvre reflète les choix de son auteur ainsi que sa réinterprétation singulière du passé romain, qui évolue selon l’orientation de son ouvrage et l’époque à laquelle il écrit (de celle d’Auguste jusqu’aux premiers temps chrétiens). Dans un processus de mise en intrigue de l’histoire archaïque, ces historiens ont parfois exagéré le nombre et la portée des victoires romaines, nié l’existence de défaites que d’autres auteurs admettaient pourtant, réécrit des épisodes entiers en s’inspirant de l’histoire grecque et envisagé, plus largement, les premières guerres de Rome comme l’amorce d’un processus de conquête qui prédestinait la cité à gouverner le monde connu.

En s’appuyant sur un catalogue exhaustif des affrontements rapportés par les textes entre 753 et 290 av. J.-C. (747 entrées), cette étude propose d’analyser les logiques de réécriture des premières guerres romaines, et tout particulièrement les enjeux complexes que présentent la mise en récit des défaites et des victoires, leur alternance ainsi que l’intrigue construite autour de ces péripéties.

Mathieu Engerbeaud, Les premières guerres de Rome (753-290 avant JC), Editions des Belles Lettres, janvier 2020, 498 p., 35€. Ouvrage publié avec le soutien de la Société des Professeurs d’Histoire Ancienne de l’Université.

Mathieu Engerbeaud, maître de conférence en histoire romaine à l’université d’Aix-Marseille, était déjà venu à Arles présenter Rome devant la défaite, le premier ouvrage qu’il a tiré de sa thèse.

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